Lucie et Bernard Marie Lauté
du 4 avril au 17 mai 2009
Galerie Isabelle Goude - 11 rue Amiral Charner - Pléneuf Val André
Bernard-Marie Lauté
« Depuis quelques années déjà, je travaille quotidiennement, dans la mesure de mes moyens. Souvent assez rapidement, puis, de reprises en repentirs, de réflexions en déconstructions, longtemps et lentement. Tant il est vrai que le chemin, pour aventureux qu'il soit, n'est pas toujours bordé des mêmes ornières. Je crois qu'exploration convient mieux pour moi que recherche. Les territoires que j'investis restant toujours assez proches d'un sentiment viscéral de la nature et de la place que j'occupe au milieu de celle-ci, là où je vis et travaille.
La Bretagne, une île qui m'est chère en particulier, nourrit mon regard d'année en année.
Mes toiles les plus récentes ont été, le plus souvent, générées longuement. Les premières impatiences refroidies, en maints tatonnements, trébuchements et autres plaisirs semblables, jusqu'à l'arrivée, l'installation du point d'équilibre où la vie se répand parcimonieusement, où l'espace s'anime enfin, conquérant sa place, le plus naturellement du monde..
Ce que je tente de faire c'est, à travers une suite d'accords, de trouver la vibration la plus juste, la sonorité la plus claire, le tout sur un canevas très architecturé. Comme dans cette suite intitulée « la petite musique des jardins ». Bien-sûr l'équilibre ne se trouve pas immédiatement. Il me faut presque toujours corriger, revenir sur ce que j'ai fait, changeant telle harmonie, la construction même, ajouter ici un accent, effacer là puis rebâtir jusqu'au point d'équilibre, là où tout semble avoir existé ainsi, naturellement.. ! C'est un long chemin, plein d'ornières, d'embûches où on ne sait jamais quel jour on arrivera à destination.» BML 2009
l'univers de Lucie...
« J’aime la polyphonie,
toutes les couleurs,
tous les mots,
les contrastes,
les tissus doux,
les bandes-dessinées.
Mes créations permettent de partager le rêve et les instants de bonheur, ce sont des gommes à souci, bouffées d’air frais, d’amour, d’évasion, des confidents compréhensifs et jamais juges…
Merci
- à ma grand-mère Pauline Caroline qui ne recousait qu’avec des fils blancs et noirs « les déchirures » de ses sept petits enfants pendant de longs moments…
- à Maman qui faisait de rien un tout… et trouvait toujours un remède à toutes mes maladies… en chantant, cousant, racontant…
- à Violaine et Jean-Baptiste et tous ceux qui m’ont permis de redécouvrir ce que l’on ressent enfant.
Mes derniers-nés sont des sculptures en laine bouillie, la laine brune et noire des moutons d’Ouessant. Il n’y a encore pas très longtemps, cette laine servait à tisser des vêtements chauds, des chaussettes, des pulls… Aujourd’hui, elle sert d’isolant pour empêcher l’herbe de repousser, quand elle n’est pas brûlée en dégageant une odeur âpre et insistante. J’aime les petits moutons d’Ouessant et j’avais envie mais envie envie de travailler sur leur belle robe. Lorsque j’ai obtenu de la laine, je l’ai d’abord laissée reposer dans la grange. Mais le sac s’est éventré alors j’ai lavé la laine.
Je l’ai rincée
et rincée
et rincée
et rincée
et séchée longuement longuement.
Maintenant, elle sent bon. La chatte Vénus s’est empressée de se réchauffer à ses côtés. Je m’en suis servie à la façon de l’argile, le lien n’étant plus l’eau mais le fil.
On peut la toucher, la sentir, la caresser et, même si elle se laisse choire, pas besoin de la recoller. J’en avais très très envie, et j’espère que vous aussi. »
Lucie